21 novembre 2013

Divertissements spatiaux

   Nous arrivons dans le couloir des distractions. Les salles s’enchainent : bibliothèque, salle de sport, piscine... Tout me semble tellement familier... J'ai l'impression d'être sur un simple paquebot. Seule la taille des installations et Solfronn me rappellent que je ne suis plus sur Terre. Les notions de divertissement et de luxe semblent partout les mêmes à travers l'Univers. Es-ce un hasard ? D'un autre côté, pourquoi serais-ce différent ?
Nous voilà dans la salle d'apesanteur. "Tu es prêt ?" me demande Solfronn. Il plaque sa main contre une paroi. Une hexagone s'illumine autour de sa main et un signal électrique semble illumine brièvement un motif géométrique et ordonné, tracé sur les murs, le plafond et le sol. Une voix douce et robotique annonce "Désactivation" en flenn puis en français. Peu à peu, je commence à me sentir léger, tellement léger... Mes pieds décollent du sol, je commence à flotter dans les airs, mon hôte aussi. Il pousse le mur avec ses jambes et traverse toute la vaste pièce. J'essaie de ne pas monter trop haut, au cas-où la gravité reviendrait d'un coup, mais il me rassure en me disant qu'elle reviendra lentement et que j'aurais le temps de redescendre. La même voix de tout à l'heure nous informe de la réactivation de la pesanteur. La porte s'ouvre et deux membres de mon groupe débarque accompagnés de leurs hôtes. Ils semblent étonnés que nous soyons arrivés avant eux. Je rencontre ainsi Cyril et Luc, deux scientifiques. Ils ne m'ont pas précisé leur spécialisation mais qu'importe.

    Je découvre à quoi je ressemblais lorsque j'ai moi-même testé l'absence de gravité pour la première fois, en voyant les visages illuminés de mes compagnons terriens. Je me demande comment Solfronn a fait pour ne pas exploser de rire ! Nous commençons à nous pousser les uns et les autres. La sensation est vraiment particulière : j'ai l'impression de nager dans l'eau sans ressentir de pression et en pouvant respirer librement... Je tourne, je danse, je nage librement dans l'air pendant que nos guides discutent tranquillement dans leur coin. Je découvre à quel point leur langue est étrange et compliquée. Soudain l'hôte de Luc, Leflovenn, nous annonce en riant que Solfronn et Mylla , la guide de Cyril, entrent en conflit amical. Le combat est spectaculaire : j'ai l'impression d'être dans un film d'action. La souplesse de leurs mouvements, la rapidité de leurs coups, l'élégance de leurs enchaînements... Leflovenn désactive la gravité et pourtant, ils continuent leur combat amical en prenant compte de la reprise de la pesanteur quand Mylla donne un gros coup de pied à Solfronn, qui le reçoit en plein visage. Il tombe et fait le mort, je me précipite à ses côtés, en feignant d'être bouleversé. Je fais semblant de pleurer quand mon hôte se relève soudainement en me donnant involontairement un coup de tête ! Nous riions tous de bon cœur puis nous nous dirigeons vers nos chambres respectives.

    Il s'apprête à me dire quelque chose mais s'arrête, réfléchit puis décide finalement de se taire. Qu'a-t-il voulu me dire? Une surprise ? Une bonne ou une mauvaise ? Cela fait à peine quelques heures depuis que j'ai commencé ce voyage et déjà, ma tête est remplie de questions. Toutefois, nous continuons de parler de choses banales, le genre de conversation que je pourrais tenir avec n'importe quel humain ou Misteken ? Je suis un peu déçu mais d'une certaine façon,  il faut que je puisse faire confiance à Solfronn et si je ne puis le considérer comme un ami, au moins, je dois le considérer comme un partenaire.  Et puis, même si notre conversation semble banale, je sais que nous ne pouvons être sur la même longueur d'ondes : nos modes sont tellement différents ! . Certaines nuances m'échappe et j'ai l'impression de passer à côté de pans entiers de conversation. Je pense que lui aussi. L'un des points qui l'étonne est que les humains ont un niveau culturel assez bas. Or, il lui semble que les êtres humains ont bien accès à l'éducation. Je découvre qu'un misteken a, en moyenne, deux  fois plus de Q.I. qu'un humain ! Mais même cette différence ne semble pas expliquer ce peu de connaissances ! Je me sens vaguement insulté, au nom de mon espère, même si ce n'est pas l'intention de Solfronn. Je reste quand même calme et décide de changer de sujet.

    La voix robotique de tout à l'heure nous annonce l'ouverture du passage "Terre-Mikelofross". Solfronn saute de son lit et m'entraîne vers la baie vitrée située à la proue du vaisseau. Nous avons rejoint les autres membre de mon groupe. L'ouverture du passage ? Comment ça ? Comment peut-on faire un raccourci à travers l'espace ? J'interroge Solfronn. D’après lui, c'est ce que nous pourrions appeler un "trou de ver". Luc réagit immédiatement et saute (ou du moins tente) de sauter au cou de mon ami.

-Les trous de vers ? Ils existent ? Vraiment ?
-Et bien, regarde par toi-même.
-Mais il faudrait une quantité astronomique d'énergie ! Enfin, je crois... Et puis, vous vous heurtez à de nombreux problèmes, non ? rétorque Luc. Les questions fusent et il commence à bredouiller et à s'emmêler les pinceaux.
-Nous l'avons, l'énergie. Et puis, je ne vais pas trop m'attarder dans les détails, certaines de nos connaissances vous sont encore inaccessibles, continu gentiment mon guide.
-Ouverture du passage imminente, annonce la voix.
Nous nous plaquons tous aux vitres. Un filtre s'abaisse et nous ne voyons presque plus rien. Une lumière vive se met à briller, elle semble instable. Elle grandit peu à peu puis, dans une explosion lumineuse triomphale, le passage apparaît. La lumière, moins vive, arrive par vagues, comme des impulsions énergétiques. Nous rentrons dans le passage et j'ai l'impression d'avoir simplement traversé un mur. Le navire fait demi-tour pour faire face au passage. D'autres navires en sortent, sans doute les autres groupes. Nous avons étés les premiers à passer, je n'avais pas remarqué le reste de la flotte ! Le filtre se lève. Les vaisseaux se mettent dans la même position que nous. Les vagues électriques sont attirées vers l'intérieur et le passage se referme sur lui, déformant légèrement la lumière environnante. Enfin, nous voyons la planète :  Mikelofross.

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